Avec la nomination de Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron tente une nouvelle disruption de la Vème République. En effet, le nouveau premier ministre, représente un parti qui n’a obtenu que plus de 5% aux législatives et 7% aux européennes. Surtout, malgré de tels scores, LR se comporte comme le RPR lors des épisodes de cohabitation en 1986 et en 1993.
En effet, lors de la nomination de Michel Barnier, nous pouvions penser qu’Emmanuel Macron a davantage choisi l’ancien Commissaire à Bruxelles que le candidat à la primaire de LR pour la présidentielle. Cette hypothèse pouvait se tenir car le nouveau locataire de Matignon restait sur 11 ans de bons et loyaux services à l’UE, ayant notamment mené les négociations du Brexit.
Toutefois, la posture des barons de LR et les premières déclarations de Michel Barnier, notamment au sujet de l’immigration, laissent penser que ce dernier se comporte plutôt comme le représentant de la droite et des LR, dans une forme de cohabitation qui se dessine. Cette posture est justifiée par des éléments de langage qui évoquent une France qui penche à droite.
Or, en dehors des députés de Horizons, ceux de l’ancienne majorité présidentielle sont plutôt du centre-gauche ou du centre. De plus, si le RN est considéré comme étant un parti de droite, il est logiquement le mieux placé pour diriger le gouvernement, comptant trois fois plus de députés que LR. En outre, l’échéance de 2027 amène davantage des présidentiables comme Gabriel Attal ou Marine Le Pen à jouer de la tactique davantage que la stratégie.
In fine, ce choix d’Emmanuel Macron, semble avoir été davantage motivé par sa forte volonté de nouer une alliance avec LR en tournant définitivement le dos à la gauche. Un tel accord ne pouvait passer que par la nomination d’un LR soutenu par son parti à Matignon. Aussi, il s’agit d’un cadeau pour le candidat de son camp pour 2027 car comme Nicolas Sarkozy en 2007, il pourra se présenter comme un représentant de l’alternance et non comme un sortant.
